Dr Eric Solyom





Catastrophée, catastrophé, votre sommeil est chaque nuit, agité, bruyant, ponctué de micro-réveils... Patatras, vous êtes constamment fatiguée, fatigué, avec une perte d'énergie ultime... Tous ces symptômes révèlent l'apnée obstructive du sommeil... Le Dr Eric Solyom dans son livre Apnée du sommeil Et si la guérison était possible... vous redonne confiance, vous explique tout ce qui est possible afin d'évincer cette maladie...

Lisez son approche simple, d'une efficacité sans précédent, pour ne plus vivre et subir ce syndrome.

Vous pouvez nous expliquer ce qu'est le « syndrome d'apnée-hypopnée obstructive du sommeil » ou Sahos...
L'apnée est une interruption complète de respiration qui se produit pendant une durée minimum dix secondes et au moins 5 fois toutes les heures.

L'hypopnée correspond à la même définition sauf qu'il y a pas un arrêt total du flux ventilatoire, le flux est partiel c'est à dire diminué de la moitié par rapport à une situation normale.
Aussi, les apnées, les hypopnées peuvent survenir soit lorsque le cerveau ne donne plus l'ordre de respirer : c'est l'apnée centrale, soit lorsque il y a une obstruction au niveau du passage de l'air au niveau du pharynx : c'est l'apnée obstructive.
Ce sont des phénomènes qui surviennent principalement pendant le sommeil, parce que pendant le sommeil il y a un relâchement musculaire.

Est-ce toujours une malformation héréditaire...
Ou y-a-t-il des évènements qui peuvent susciter cette pathologie...

En général, on ne va pas parler véritablement de malformation héréditaire, mais on peut considérer que l'homme moderne présente des malformations acquises, phylogénétiques, qui rendent très probable la possibilité d'une apnée obstructive du sommeil. Le crâne s'est au cours de notre évolution profondément développé vers l'arrière (par l'augmentation du volume du cerveau), aux dépends des tissus osseux de la face avec pour conséquences une diminution du développement du maxillaire (retromaxillie), une diminution du développement de la mandibule (retromandibulie).

Ces deux structures osseuses sous-tendent par elles-mêmes le pharynx et s'il y a un défaut de développement du maxillaire ou de la mandibule, cela provoque une étroitesse de la lumière du pharynx qui pourra plus facilement se collaber (c'est à dire se fermer). En ce sens, on peut dire que la malformation est très fréquente et constitutive de l'évolution phylogénétique de l'homme et donc chacun porte en lui une probabilité importante de faire une apnée du sommeil.
Celle ci est souvent renforcée par des thérapies mal adaptées au cours de l'enfance ou de l'adolescence. Par exemple les extractions de dents pour compenser le manque de place renforce l'étroitesse du maxillaire et de la mandibule et ainsi le risque de développer un SAHOS.

Bien évidemment, la situation n'est pas aussi simple. Il y en effet des patients qui ont un maxillaire et une mandibule bien développés et qui, malgré tout, vont développer une apnée obstructive du sommeil et d'autres qui ont un maxillaire et une mandibule rétrusifs et qui ne vont pas développer ce syndrome.

D'une façon générale, on retrouve ce syndrome préférentiellement chez un patient de plus de 50 ans, qui est en surpoids. On le retrouve également chez des patients qui sont ronfleurs, non pas que le ronflement soit en soit un facteur de risque, mais il est en tant que tel, le signe d'un défaut de ventilation et donc d?hypopnée. On le retrouve plus souvent chez les patients qui présentent une hypertension artérielle ; l'hypertension artérielle n'est pas un facteur de risque en-soi, mais elle peut être une conséquence de l'apnée obstructive du sommeil. Ainsi une hypertension artérielle chez un sujet jeune doit faire penser à la possibilité d'une apnée obstructive du sommeil.

A partir de quel moment vous considérez que votre patiente, votre patient est vraiment atteint de cette pathologie...

Lorsqu'un patient présente des ronflements, lorsqu'il se réveille plusieurs fois la nuit, lorsqu'il se lève pour aller aux toilettes (nycturie), lorsqu'il présente des céphalées matinales, lorsqu'il est fatigué la journée, la probabilité qu'il présente une apnée obstructive du sommeil est importante. Dans ces conditions, il est recommandé de prescrire à minima une polygraphie ventilatoire ou, de façon plus complète, un enregistrement polysomnographique du sommeil. Ces examens vont permettre de confirmer l'apnée obstructive du sommeil, puisqu'ils vont montrer la présence d'apnées, d'hypopnées et confirmer leur nature obstructive.

Les conséquences sur la santé sont nombreuses. Quelles en sont les principales... Notamment la prise de poids... Pour quelles raisons...
Les conséquences sur la santé sont effectivement très nombreuses. On peut citer de façon non exhaustive des complications cardiovasculaires, neurologiques, carcinologiques et bien sur les conséquences diurnes liées au manque de sommeil.

Lorsque le patient présente une obstruction lors de son sommeil, l'organisme est en état de stress car il s'asphyxie. Ainsi il libère dans l'organisme un certain nombre d'hormones du système sympathique, comme l'adrénaline, le cortisol qui vont lui permettre de se réveiller. C'est la raison pour laquelle apparaissent une tachycardie, une hypertension artérielle, une sudation importante et parfois des troubles du rythme cardiaque. Ces conséquences cardiovasculaires sont importantes.
On peut noter également, toujours d'un point de vue cardio-vasculaire, un risque plus important de développement de plaques d'athéromes, car l'hypoxémie secondaire aux apnées provoque à terme des réactions inflammatoires, et la présence de radico-libres délétères sur l'endothélium qui tapissent les artères.

Lorsque l'on prend en compte ces conséquences cardiaques et vasculaires, on peut facilement comprendre que l'apnée obstructive du sommeil est un facteur de risque indépendant de l'infarctus du myocarde et de l'accident vasculaire cérébral.
Les autres systèmes de santé qui peuvent être atteints sont très nombreux.
D'un point de vue neurologique il a été reconnu que le SAHOS est un facteur de risque indépendant de démence, car il y a une destructuration du sommeil et, de ce fait, cela peut diminuer l'élimination au cours du sommeil des toxines qui vont s'accumuler et peuvent provoquer, à terme, la maladie d'Alzheimer (ou d'autres démences).
L'apnée obstructive du sommeil est un facteur de risque d'un certain nombre de cancers, en particulier du cancer du sein chez la femme et du cancer du colon chez l'homme.

Le SAHOS est un facteur de risque de Glaucome.

La prise de poids est à la fois une cause et une conséquence de l'apnée obstructive du sommeil. Si le patient est en surpoids, la lumière du pharynx se rétrécit ce qui peut provoquer une apnée obstructive du sommeil.

Mais en même temps, si un patient présente une apnée obstructive du sommeil, il va avoir tendance à prendre du poids, d'une part parce qu'il y a une modification d'hormones secondaires comme le cortisol, la leptine, et, d'autre part, de part ces modifications hormonales, le sentiment de satiété survient beaucoup plus tardivement et la faim plus impérieuse.

D'autre part, le patient se réveillant à de multiples reprises, va être fatigué et pour compenser cette perte d'énergie il va absorber du sucre en quantité plus importante d'où un risque de prise de poids et il faut associer à cela sa perte de motivation pour réaliser une activité physique (par défaut de sommeil).

Quels sont vos conseils de bonne hygiène de vie afin de mieux appréhender cette maladie...

Il est toujours intéressant d'envisager de maigrir ou de ne pas prendre de poids avec une alimentation variée, riche en légumes et en fruits.

L'arrêt du tabac est important car le tabagisme est un facteur de risque indépendant, non pas de l'apnée obstructive du sommeil, mais des facteurs de risque cardio-vasculaires.

Il faut éviter une alimentation trop riche le soir et, en particulier, limiter la consommation d'alcool avant de se coucher pour limiter le relâchement musculaire.

Il faut éviter les somnifères, car ceux-ci vont aggraver l'apnée obstructive du sommeil.
Si cela est possible, je pense qu'il faut essayer de s'astreindre à faire des exercices de respiration, à faire du sport aérobie, de façon modérée, mais de façon régulière.

Si possible. Il peut être intéressant à l'aide d'un orthophoniste ou d'un kinésithérapeute d'apprendre à dormir la bouche fermée. En effet l'ouverture de bouche favorise l'apnée obstructive du sommeil. Ce sont des règles hygiéno-diététiques classiques qui sont utiles d'une façon générale, mais qui pourraient permettre de diminuer l'importance de l'apnée obstructive du sommeil ou de limiter sa survenue.

« La chirurgie du contenant, ou la possibilité d'une guérison du Saos »... Vous pouvez nous en dire un peu plus sur « cette chirurgie orthognatique »...
Elle peut être pratiquée facilement sur n'importe quelle patiente, n'importe quel patient...

Elle peut être pratiquée sur n'importe quel patient si ce dernier est motivé c'est à dire qu'il supporte difficilement la machine à ventilation positive, s'il veut guérir et si le SAHOS l'empêche de vivre normalement ou que ses facteurs de risques cardio-vasculaire sont importants.

Je pense que tout le monde a entendu parler de l'aide respiratoire ou PPC, mais c'est un traitement palliatif qui ne permet pas une guérison et, d'autre part, qui n'améliore pas sur le moyen et long-terme les facteurs de risque cardio-vasculaire.
Il faut, dans la mesure du possible, toujours réfléchir à la possibilité d'une guérison. La meilleure technique pour envisager cette guérison passe par une chirurgie dite chirurgie orthognatique (basée sur les bases osseuses). Ce sont des interventions qui peuvent être réalisées chez la majorité des patients qui présentent une apnée obstructive du sommeil, à partir du moment, bien évidemment, où le patient est motivé pour bénéficier de cette intervention chirurgicale.

Dans les suites, il faudra envisager une alimentation mixée pendant six à huit semaines, ce qui n'est pas toujours bien vécu par les patients, mais, bien sûr, lorsqu'ils ont des conséquences liées à leur apnée obstructive du sommeil cela ne leur pose pas de problème. Les avantages sont nombreux, puisque l'on peut, dans plus de 90 à 95 % des cas, envisager une guérison, et les résultats sont stables sur long-terme.



Apnée du sommeil
Et si la guérison était possible...
Dr Eric Solyom

Editions Mosaïque-Santé

17,90 euros

www.mosaique-sante.com

L'auteur
Exerçant à Paris et à Toulouse, le Dr Éric Solyom est chirurgien maxillo-facial. Ancien chef de clinique des Hôpitaux, il est spécialisé dans le traitement chirurgical de l'apnée obstructive du sommeil, qu'il soigne depuis plus de vingt ans.
Auteur de nombreuses publications et communications aussi bien nationales qu'internationales, il a également publié Les cahiers d'un chirurgien : Témoin de la faillite du système de santé, aux éditions L'Harmattan.



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