Dr Jacques Ohana





La diagonale du corps du Docteur Jacques Ohana... Un bel hommage à la Beauté...

Chirurgien plasticien, c'est ainsi qu'il se présente, explique qu'une opération esthétique n'est pas certes indispensable. Cependant elle est utile et apporte des répercussions bien profondes. Aussi dans son livre il vous livre son approche psychologique, son écoute auprès de sa patiente, de son patient afin de savoir si l'intervention doit se faire ou pas.
Le Docteur Jacques Ohana ne s'arrête pas en chemin... Vous découvrirez l'histoire de la beauté à travers les âges ainsi que « l'épopée et la conquête » de cette chirurgie esthétique qui remonterait à l'Antiquité.
Au fil des pages, rythmées par de magnifiques illustrations, oeuvres d'Orlan, oeuvres de Rodolphe von Gombergh, oeuvres de Didier Chamizo, oeuvres de Sophie Elbaz, votre oeil, votre regard seront comblés...
« C'est véritablement utile, puisque c'est joli. », déclarait Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince... Jacques Ohana fait sienne de cette déclaration...

Aujourd'hui il semblerait que seul le Corps Humain serait le support artistique...
Ainsi vous écrivez...
« L'idée de cet ouvrage est liée au changement de regard sur le corps qui se montre, le corps qui ose, provoque, s'exprime et se libère. »
Comment répondez-vous en tant que chirurgien esthétique à la demande de vos patientes, de vos patients, lorsque vous n'êtes pas persuadé de l'appréciation du résultat, des possibilités de métamorphose de leur corps qu'ils demandent...

L'essor que connaissent actuellement la médecine et la chirurgie esthétiques, la grande variété et la multiplicité des demandes devenues quotidiennes ne sont pas uniquement liés aux progrès et aux avancées technologiques, certes considérables, qui ont jalonné l'histoire de la médecine du XXe siècle.
Ils s'inscrivent dans le cadre plus large des modifications profondes, sociologiques, culturelles et scientifiques, véritables mutations, qui ont bouleversé en profondeur les structures de nos sociétés, disloquant un à un les piliers sur lesquels reposaient des valeurs jusque-là établies. La déchristianisation en Europe, la révolution industrielle, la croissance économique, l'émancipation de la femme, l'accès aux loisirs et à un plus grand confort, sont autant d'étapes majeures qui ont permis au corps libéré de ses contraintes de retrouver une place de premier plan dans l'ordre des préoccupations individuelles.
C'est dans ce contexte qu'il convient d'entendre et de comprendre les demandes exprimées par les patients qui traduisent le refus d'une fatalité anatomique et sont l'expression d'une revendication identitaire devenue accessible. Et la grande majorité de ces demandes s'inscrit dans un espace cohérent et légitime, d'harmonie et d'embellissement, corrigeant ainsi certaines disgrâces que la nature, l'hérédité, le temps ou les perturbations métaboliques n'ont pas su éviter.  

Force est de constater qu'il existe parfois aussi certaines demandes excessives et surprenantes, singulièrement plus fréquentes à l'ère des réseaux sociaux qui exercent une dictature d'un genre nouveau et qui interpellent le chirurgien plasticien.

Elles expriment le plus souvent une fragilité psychologique, une perte des repères objectifs, une focalisation obsessionnelle liée à un trouble du schéma corporel, autant d'expressions qui traduisent à des degrés divers ce qu'il est convenu d'appeler la dysmorphophobie et autant de situations que le chirurgien plasticien expérimenté, et qui se doit d'être perspicace, doit savoir déceler pour mieux les appréhender.
Opérer des patients dans de telles circonstances, c'est la certitude de s'exposer à un échec et d'entretenir au contraire cette insatisfaction chronique.
Il importe donc de récuser, dans ces cas, l'indication chirurgicale sans pour autant heurter ni déstabiliser davantage le patient et la seule alternative est d'assurer et d'organiser un soutien psychologique, souvent multidisciplinaire.
Cette démarche qui n'est pas simple à mettre en place, ni pour le chirurgien, ni pour le patient, est la seule qui puisse permettre de mieux reconsidérer les motivations réelles pour les situer au plus près de leurs causes initiales.

Vous pensez que la quête de la Beauté a toujours été l'apologie de toutes les sociétés, anciennes et maintenant...

Vous écrivez...
« Le cinéma qui révèle le visage en gros plan dans une sorte de relation intime à distance, entretient les préoccupations esthétiques, en même temps que les hommes et les femmes s'identifient aux acteurs. »
Sex-symbol, Don Juan... Pensez-vous qu'il est dangereux de vouloir « changer de personnalité », si vous me permettez cette expression...

Dans une société où l'image a pris une place prépondérante, les médias, plus que jamais omniprésents, n'ont de cesse de décliner l'estime de soi, le poids des apparences, la tyrannie du paraître et d'entretenir, d'une façon générale, les incertitudes et les faiblesses du corps. Dans le même temps, les progrès de la science, jusqu'alors centrés sur la réparation et la guérison traditionnelles, ouvrent des perspectives nouvelles et audacieuses, qui bousculent notre imagination.
L'éthique du corps jusque-là rigide et établie connaît à son tour de sérieuses turbulences, et c'est sous un jour nouveau que les questions d'identité s'imposent avec acuité à tous les courants de pensées.
Face à ces injonctions fortes qui exigent de chacun une remise en question permanente dans tous les domaines, physique, intellectuel, social, professionnel et affectif, la tentation est grande, voire légitime, de vouloir se présenter sous un meilleur jour et d'être séduit par une identification à un idéal de beauté ou de séduction.
Au risque d'en exagérer parfois la représentation jusqu'à imposer à des personnes rendues plus vulnérables et plus
« visibles » par cette société du spectacle, des « modèles » au gré des moeurs et des modes, comme si le corps était devenu un instrument à géomtrie variable, ce qu'on ne peut que déplorer.
Car vouloir « changer de personnalité », comme une rupture ou un divorce avec soi-même, traduit un trouble identitaire grave, une perte de repères objectifs, une aventure aux conséquences certainement dangereuses.
La démarche, au contraire contrôlée et réfléchie, a pour objectif, non pas de changer mais de s'améliorer pour mieux de retrouver dans une forme de réconciliation narcissique au sens noble du terme.
Et ce n'est pas là le moindre des défis que le chirurgien plasticien doit relever, car au-delà du contrôle des techniques devenues performantes, c'est leur bon usage et la bonne indication qu'il importe de toujours respecter.

Vous posez la question...
« La chirurgie est-elle un art... » Peut-on écrire à votre avis qu'un chirurgien esthétique, un médecin esthétique est un sculpteur...

Si l'on se fie à la stricte définition de la sculpture, « activité qui consiste à concevoir et réaliser des formes en volume, en relief, par taille directe, par modelage ou assemblage », alors et sans aucun doute, le chirurgien plasticien est un sculpteur à part entière et qui pratique la morphosculpture.
Quant à l'art, il définit un processus de création, de fabrication, un mode d'expression qui serait spécifique à l'espèce humaine, une manifestation de l'esprit et de la main de l'homme qui se décline à partir des sensorialités et se concrétise en formes et objets grâce à des techniques particulières, transmises ou inventées. Si ce terme devenu polysémique a vu son sens évoluer et a connu de multiples nuances, extensions et généralisations, le plus souvent appréciées et valorisées socialement, la description qui en est faite est transposable quasiment mot pour mot à l'acte chirurgical.
Ainsi, la chirurgie est aussi un art à part entière, spécifique à l'espèce humaine et non reproductible par une machine, aussi sophistiquée soit-elle, avec une finalité bien spécifique qui est sa fonction thérapeutique. Et toute chirurgie est par essence réparatrice, puisque son objectif est de restaurer la forme et la fonction, d'apporter les modifications nécessaires pour rétablir l'organe opéré sans le transformer.
Mais l'art du chirurgien est un art bien singulier.
Il est celui d'un artisan vigilant qui doit reproduire un savoir-faire rigoureux en l'adaptant à une spécificité individuelle. Un acte délicat, appliqué et soigneux, géré selon l'évolution propre à la matière vivante, qui néanmoins suit un protocole établi. L'exercice reste individuel et, si le praticien mobilise son savoir et son expérience, il y apporte son intuition et son talent personnels qui soulignent l'originalité de chaque intervention. Et pour importante que soit la technique, le résultat est aussi et largement fonction du talent et de l'expérience de l'opérateur qui imprime et transmet sa contribution personnelle dans chacun de ses gestes.
C'est un art bien particulier aussi et surtout parce que le matériau, qui est vivant, donne à l'intervention une dimension unique et sacrée à nulle autre pareille, dont l'enjeu est la vie et la fonction. Et ce support vivant, palpitant, qui change, évolue, vieillit, subit aussi des métamorphoses formelles et physiologiques qui vont influer sur le travail du chirurgien et le modifier au fil du temps. Un peu comme s'il venait à l'idée d'une sculpture de changer de position ou à une peinture de modifier ses formes et ses couleurs.
Ainsi, l'art chirurgical est indissociable de la matière qui, active et réactive, participe intimement à toutes les étapes de performance. On pourrait dire que l'art « est » la matière.
Quant à la chirurgie esthétique, contemporaine de la naissance de la psychologie et de la psychanalyse, elle s'inscrit dans une chirurgie de restitution identitaire utile au bien-être et à l'épanouissement de la personne. Chirurgie de l'embellissement davantage que de la beauté elle vise à rétablir l'équilibre et l'harmonie des formes avec cependant une marge de manoeuvre qui reste dictée par les conditions anatomiques de l'organe concerné et des structures voisines autour desquelles il s'intègre.
Elle intervient comme un élément réparateur pour satisfaire une revendication dont l'objectif est de favoriser une meilleure intégration physique et psychique de l'individu selon des valeurs établies par l'éducation, la culture et les normes d'une société.
Elle s'inscrit dans un cadre social structuré dont elle est une composante importante et contribue à son organisation et à sa stabilité. Elle ne dénonce pas les critères d'une société qu'elle renforce au contraire, agissant sur un mode conservateur et surtout pas transgressif.
D'une façon plus générale, quel que soit le métier que l'on fasse, il y a toujours une part d'art, car, au-delà encore de ce que l'on fait, c'est surtout la manière de le faire qui importe le plus. On dit « l'art et la manière », comme on pourrait dire l'art « est » la manière.

La diagonale du corps
De l'anatomie au destin
Dr Jacques Ohana

Editions Cherche Midi
29 euros

En vente dans toutes les bonnes librairies

www.lisez.com/livre-grand-format/la-diagonale-du-corps/9782749167237

Sa carte de visite...
Chirurgien Plasticien, le Docteur Jacques Ohana est également Interne et Chef de Clinique des Hôpitaux de Paris, membre des Sociétés Savantes et Communications Scientifiques. Particulièrement reconnu pour son expérience et sa compétence de réputation mondiale, il consulte avenue Montaigne à Paris, et opère en France et à l'Etranger.


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