Véronique Reille-Soult





Réseaux sociaux... Le monde prometteur de l'avenir pour certains, à bannir totalement pour d'autres... Véronique Reille-Soult dans son livre L'Ultime Pouvoir La Vérité sur l'impact des réseaux sociaux pose son regard d'experte, pour enfin saisir tous les tenants et tous les aboutissants de ce domaine si troublant, si saisissant...

Définitions des concepts, explications des fonctionnements, structurations des acteurs : du calcul d'algorithme au principe de viralité, voici, en chiffres, en récits et en anecdotes, un panorama qui dit toute la vérité sur les plateformes, leurs bienfaits mais aussi leurs excès.
Est-il trop tard pour changer les usages, pour revaloriser le partage, la solidarité, les liens sincères et féconds que procure également cette mutation...

Décrivant ce monde, discriminant les problèmes, dépistant les solutions, l'auteure vous présente la plus complète, la plus accessible et la plus pratique des initiations si vous souhaitez vous servir de ce cinquième pouvoir, l'appréhender librement avec le recul nécessaire, afin de ne pas en être esclave.

« Il s'agit en effet de donner une puissance positive à ce cinquième pouvoir. » Qu'entendez-vous par « cinquième pouvoir », expression quelque peu, même grave...
Le 5eme pouvoir est celui de l'opinion. Il s'agit d'un pouvoir ignoré, voire méprisé.. Dans son traité De l'esprit des lois (1748), Montesquieu distingue trois pouvoirs : voter les lois (législatif), les faire appliquer (exécutif), et enfin rendre la justice (judiciaire). En 1840, Balzac présenté dans La Revue parisienne un nouveau pouvoir, celui d'informer : « La presse est en France un quatrième pouvoir dans l'État : elle attaque tout et personne ne l'attaque. Elle blâme à tort et à travers. Elle prétend que les hommes politiques et littéraires lui appartiennent et ne veut pas qu'il y ait réciprocité... » Or, avec l'arrivée des réseaux sociaux, un nouveau pouvoir s'est installé... : celui de l'opinion publique qui a la capacité de s'exprimer.

Comment faire évoluer les réseaux sociaux dans le bon sens, si vous me permettez cette expression...
La tentation la plus forte est de censurer pour endiguer les dérives. Au-delà de la question des critères de censure et de la notion de liberté cette approche est relativement inefficace car celui qui est censuré ira juste s'exprimer ailleurs, au regard de l'offre pléthorique d'espace d'expression cela se fera sans difficulté.
Par ailleurs les volumes sont tels, messages et émetteurs, qu'imaginer que la régulation pourrait se faire par les états ou les plateformes est utopique. Ils peuvent tout au plus tenter d'interdire et censurer mais les règles à suivre restent là aussi très complexes à établir.

Je pense donc que le sujet est plus celui de la modération. Pour que celle-ci soit efficace il faut des outils et moyens mis à la disposition des internautes. Ainsi l'intelligence collective pourra, en s'appuyant sur l'intelligence artificielle, apporter des solutions, alerte, sensibiliser et éduquer.

La solution pour faire évoluer dans le bon sens l'expression sur les réseaux sociaux se trouve donc au sein des communautés d'internautes. Ce sont eux qui portent l'avenir positif de ces espaces.

« En effet, les réseaux sociaux existent depuis toujours. », révélez-vous. Vous pouvez nous en parler... Selon vous, en avaient-ils les bienfaits requis...
En effet, les réseaux sociaux existent depuis toujours. Le club des boulistes ou de bikers, la ligue des philatélistes et même les gangs des banlieues constituent autant de réseaux sociaux nés bien avant les plateformes numériques.
Tous présentaient des dénominateurs communs qui les différencient nettement des nouveaux réseaux en ligne et qui apportaient une sorte de régulation et donc de maîtrise.

Ils reposaient sur des règles claires et exigeantes qui faisaient leur valeur et qui devaient être respectées sous peine d'exclusion.
Ces « réseaux sociaux traditionnels » fonctionnaient et fonctionnent encore sur un mode de recrutement et d'intégration sélectif. Les critères peuvent être sociaux, communautaires, religieux, géographiques, sportifs, intellectuels, professionnels, passionnels ou d'intérêt, mais ils sont bien souvent très précis, restrictifs voire exclusifs.

Ces réseaux adoptent aussi parfois une logique de recrutement par cooptation, voire pour certains un numerus clausus qui renforce encore ce sentiment puissant d'appartenance. Les membres de ces réseaux sont très respectueux des règles de crainte d'en être exclu. La régulation se fait donc clairement et de façon très efficace.

« Dis-moi où tu t'exprimes et je te dirai qui tu es ! », constatez-vous... Vous ne trouvez pas cela dangereux...
Dangereux pas forcément si les règles sont claires et si les personnes savent prendre le recul nécessaire.


Le vrai danger réside dans le fait de subir, dans le non-contrôle. Le harcèlement de personne est certainement le premier des dangers, nous ne listerons pas ici les effets épouvantables que ce type de harcèlement peut provoquer allant jusqu'au suicide.

Mais il existe une autre dérive, plus pernicieuse et qui représente aussi un vrai danger, c'est le harcèlement social. La valeur sociale est de plus en plus liée à la visibilité qui est de plus en plus complexe selon les plateformes.

Le choix de lieu d'expression pose des règles encore plus fortes de la valeur sociale. Selon le réseau social retenu il faut être vu, beau, mince, populaire, expert, brillant... Autant d'injonctions qui peuvent avoir des effets dangereux sur des personnes faibles en leur donnant le sentiment d'être exclus au risque de générer dépression et mise en péril.

« Les citoyens semblent toujours moins faire confiance à ce qui est rapporté par les médias et les plus jeunes ne les consultent même plus. », affirmez-vous. Alors médias et réseaux sociaux peuvent-ils, pourront-ils se réconcilier un jour...
Et de quelle façon...

Les médias et les journalistes ne doivent pas « courir » derrière les réseaux sociaux. Trop souvent aujourd'hui c'est l'expression en ligne qui semble donner le LA de l'actualité.

En réalité le sujet principal de l'information est celui de la vérification. Plus les médias sont des marques garantes d'une information validée et de qualité, posant un socle de confiance, plus les citoyens se tourneront vers eux.



L'Ultime Pouvoir
La Vérité sur l'impact des réseaux sociaux
Véronique Reille-Soult...

Les Editions du Cerf

20 euros

www.editionsducerf.fr

L'Auteure
Savante en stratégies de réputation, en communication de crise et spécialiste de l'opinion, co-fondatrice et présidente du cabinet Backbone consulting, prix « Agence de demain » 2021 et
« Agence innovante » 2022, Véronique Reille-Soult, enseignante au Celsa-Sorbonne et maître de conférences à Sciences Po Paris, est chroniqueuse régulière dans les médias et chaque semaine sur Franceinfo,
France 24 et au Figaro.

Légende
Photo de Véronique Reille-Soult
Crédit photo
Anthony Voisin


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